Emmanuel Macron aux harkis : «Je demande pardon, nous n’oublierons pas»

20/09/2021

Lors d'une réception consacrée à la mémoire des harkis à l'Elysée, le chef de l'Etat a annoncé lundi une loi «de reconnaissance et de réparation». «L'honneur des harkis doit être gravé dans la mémoire nationale», a déclaré Emmanuel Macron.


On attendait une revalorisation des pensions, ce fut la demande de pardon. Cinq jours avant la journée d'hommage aux harkis, Emmanuel Macron a présenté des excuses - inédites - aux anciens combattants algériens ayant servi sous le drapeau tricolore pendant la guerre d'Algérie.

«La France a des devoirs envers les harkis, je vous demande pardon, a déclaré le chef de l'Etat lors d'une réception à l'Elysée, prononçant des paroles à rebours de sa politique mémorielle envers l'Algérie depuis 2017. L'histoire des harkis est grande et douloureuse [...] Ils ont prêté leur force, ont versé leur sang pour la France.»

«Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance ; nous n'oublierons pas. Je demande pardon, nous n'oublierons pas», a-t-il déclaré. La France «a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants», a jugé le chef de l'Etat. Le gouvernement «portera avant la fin de l'année un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l'égard des harkis».

«Vous portez dans votre chair le souvenir des harkis. L'honneur des harkis doit être gravé dans la mémoire nationale», a insisté le chef de l'Etat en appelant à «panser les plaies» qui doivent être «fermées par des paroles de vérité, gestes de mémoire et actes de justice».

Les harkis sont ces anciens combattants - jusqu'à 200 000 hommes - recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant le conflit qui opposa de 1954 à 1962 des nationalistes algériens à la France. A l'issue de cette guerre, une partie d'entre eux, abandonnés par Paris, ont été victimes de représailles en Algérie.

Plusieurs dizaines de milliers d'autres, souvent accompagnés de femmes et d'enfants, ont été transférés en France, où ils ont été placés dans des «camps de transit et de reclassement» aux conditions de vie indignes et durablement traumatisantes.

Les harkis et leurs descendants formeraient aujourd'hui une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes en France. Ils ont connu une intégration difficile, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés. En 2016, François Hollande avait reconnu «les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis».

Source : Journal Libération le 20 septembre 2021



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