Hommage aux harkis : « Le pardon arrive un peu tard »

25/09/2021

Depuis 2003, la France rend un hommage solennel aux anciens harkis et aux membres des formations supplétives ou assimilées qui ont servi ses couleurs lors de la guerre d'Algérie de 1954 à 1962. À Rennes, cette cérémonie, qui se tenait, au Monument aux Morts, place de l'Ordre national du Mérite, s'est déroulée en présence des autorités civiles et militaires, et de quelques représentants de harkis. À cette occasion, Emmanuel Berthier, préfet de la région Bretagne, et d'Ille-et-Vilaine, a lu le message de Geneviève Darrieussecq ministre déléguée chargée des anciens combattants. Il a ainsi notamment salué l'engagement des harkis à travers leur « fidélité, loyauté, fierté et dignité » et souligné que « La France a manqué à sa parole, à ses devoirs de protection et à l'accueil digne de ses propres combattants » faisant ainsi écho aux déclarations, en début de semaine, du chef de l'État. En effet, au nom de la France, Emmanuel Macron avait « demandé pardon » aux harkis, estimant que le pays avait « manqué à ses devoirs » envers eux et leurs familles.

« Une avancée, mais tardive »

Présent lors de la cérémonie, Mohamed Zemali est l'un de ces harkis : « J'ai été appelé pour faire mon service militaire à l'époque et par la suite, j'ai été engagé comme harki. Après la guerre, je suis rentré en France en 1963 avec mon régiment qui était basé en Ille-et-Vilaine. La prise de parole d'Emmanuel Macron, c'est bien, mais c'est un coup d'épée dans l'eau. Il y a longtemps que ça aurait dû être fait. On a laissé plein de gens dans la misère. J'ai des copains qui sont morts dans la rue sans aide. Moi, j'ai eu la chance d'avoir une vie convenable avec ma famille. Demander pardon 60 ans après, c'est beaucoup trop tard. C'est à l'époque des retours qu'il fallait aider les gens ». Même son de cloche pour Abd Bouhouli, représentant de La Fédération des harkis et rapatriés et combattants d'Afrique du Nord, de Bretagne : « Mon père et mes deux oncles étaient harkis. On a débarqué en France après la guerre en 1963 dans le camp de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales où on est restés environ un an et après nous sommes allés en Côte-d'Or. On a connu ces deux camps de transit où les conditions de vie étaient pitoyables. Monsieur Macron reconnaît que l'on nous a abandonnés. Après 60 ans, le pardon arrive un peu tard. Cette reconnaissance est toutefois une avancée. On s'est battu pendant des années pour avoir au moins quelque chose. On va voir ce que cela donnera par la suite ». Lundi dernier, le chef de l'État a notamment annoncé, un projet de loi, avant la fin de l'année, visant « la reconnaissance et la réparation à l'égard des harkis ».

Source :  Le Télégrame le 25 septembre 2021


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